Visite de la Maison Gainsbourg : une expérience immersive et émouvante.

Auteure : Hélène LAVENU

 
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Retour sur ma visite de la maison Gainsbourg… 

Si vous souhaitez passer un moment hors du temps à Paris, c’est la bonne adresse à découvrir. Nul besoin d’être totalement fan de Serge Gainsbourg pour adhérer à l’univers élégant recréé dans la fameuse rue de Verneuil dans le VIème arrondissement de la capitale. Laissez-vous simplement guider au fil des adresses ouvertes au public. Attention, la maison se visite sur réservation uniquement, et il y a peu d’élus au moment de réserver les places, armez-vous de patience.

 Le 5 bis rue de Verneuil : La demeure de l’artiste.

  L’adresse emblématique de la Gainsbourg Family, la maison de Serge Gainsbourg, la demeure mythique du couple Gainsbourg Birkin et de leurs enfants, qui vécurent ici dans les années 70-80 et où Serge vécu jusqu’à sa mort.

On ne peut rater cette façade en perpétuelle évolution, bardée de graffitis qui sont autant de déclarations d’amour à l’artiste, et dont les voisins se sont accommodés depuis sa disparition, elle fait partie intégrante de la rue de Verneuil.

Certainement le moment le plus émouvant de cette visite pour moi. Tout d’abord, l’attente sur le perron de la maison où l’on pénètre par petit nombre, en effet, pas plus de six ou huit personnes en même temps dans la maison. Et puis, casque sur les oreilles, de manière totalement immersive : la douce voix de Charlotte, une voix pleine d’émotion, de nostalgie, de tristesse aussi parfois, et surtout pleine de respect, nous parle de l’homme, de l’artiste, du papa… Je ne vous cache pas que dès l’entrée dans le séjour de l’artiste, j’ai versé ma première petite larme. En effet c’est au moment où l’on entre dans cet endroit « sacré » et tellement préservé, où chaque meuble et chaque objet porte encore la trace du passage de l’artiste, que l’on, mesure réellement le privilège d’être là. A gauche un fauteuil portant encore la trace de l’artiste assis certainement pendant des heures à cet endroit, sur la table basse un mégot dans le cendrier, l’odeur imprégnée de tabac froid et la voix de Charlotte qui raconte Serge, ce qu’il aimait, ce qu’il faisait, comment-ils vivaient, lui, elle, leur famille dans cet endroit… Un peu comme nous tous et en même temps un peu comme personne. Des objets précieux pour l’artiste, des pianos, des photos, tout un univers encore jamais mis à jour devient accessible, et c’est profondément touchant…

La cuisine, étonnante par son exiguïté, est, elle aussi restée intacte, comme si quelqu’un venait d’y prendre un repas, un petit téléviseur d’époque et un décodeur Canal+ témoignent de repas pris en regardant l’écran, les épices, les accessories de cuisine, tout est là…  Il manque juste la chambre des enfants, qui était une pièce louée à un voisin et rendue accessible depuis la cuisine par une petite porte, depuis condamnée car l’artiste n’a jamais réussi à racheter cet espace au propriétaire… 

L’escalier que l’on monte à pas feutrés comme pour ne pas déranger, avec l’impression que l’artiste peut surgir à tout moment d’une des pièces de la maison tant sa présence est palpable. La penderie étonnamment spartiate du compositeur, ses vieux jeans, ses Repetto… Toute mon enfance qui remonte à la surface, et les plateaux de télévision, sur lesquels il portait ces vêtements pour chanter les chansons que tout le monde connait aujourd’hui…

La pièce de Jane, celle où elle avait le droit de mettre tout son « bordel », une pièce haute en couleurs, qui détonne en comparaison du reste de la maison où tous les murs sont noirs… pourquoi ? « Parce que les murs des hôpitaux sont blancs » nous dit Serge. Le bureau et sa bibliothèque remplie de livre d’auteurs qui côtoient les grosses encyclopédies médicales, livres pour enfants que lisait Charlotte et Kate, la vieille machine à écrire certainement dernier cri à l’époque où elle fut achetée... 

La salle de bain et son lustre en cristal impressionnant et disproportionné pour la taille de la pièce, où les filles partageaient bains et moment précieux avec leur maman. Puis au fond du couloir, la chambre parentale, celle de Serge et des femmes de sa vie, celle où l’artiste rendit son dernier soupir, et la voix pleine de tristesse et d’émotion de Charlotte à l’évocation de ce terrible moment de sa vie… 

On ne peut pas ressortir de cette maison sans être émus ou profondément touchés par cette visite… On repose alors son casque à regret et on sort sans en avoir réellement envie, mais il faut bien laisser place à ceux qui attendent eux aussi de vivre ce moment exceptionnel… 

Je ne peux que saluer le travail exceptionnel du cabinet ORY architecture, qui a permis, tous en préservant scrupuleusement les lieux, de les adapter pour être aux normes et accueillir du public. 

Le 16 rue de Verneuil : le musée Gainsbourg

Le musée, où chaque détail a été pensé, jusqu’au tampon sur le dos de ma main, qui est le profil de Serge Gainsbourg, qui aurait pu penser la délicatesse de chaque détail aussi bien et avec autant de respect que sa propre fille ? 

 Ici tous les codes et toutes les ambiances de la maison ont été restitués : La porte d’entrée noir, le sol où l’on retrouve la fameuse moquette en laine « Pavot » présente à tout l’étage de la maison, rééditée pour l’occasion par la fameuse Maison Pierre Frey pour Codimat. 

Ici toute la vie de l’artiste retracée par des vidéos d’interview, des objets, des affiches, des disques, des photos, des paroles de chansons, des sculptures… Un hommage vibrant et intime à l’immense carrière de l’artiste, qui retrace les moments forts de sa vie privée, de sa carrière. L’occasion de mieux comprendre la destinée de Serge Gainsbourg et ses failles aussi… Au bout du musée, un accès au bar intimiste et à l’espace boutique.

Le 14 rue de Verneuil : Le Gainsbarre

Accessible depuis la rue ou depuis le musée, le 14 abrite la boutique, la réception du musée, et le bar « Le Gainsbarre » : comment ce bar aurait-il pu porter un autre nom ?

 Une ambiance feutrée et calme, le piano qui joue des musiques d’ambiance (mais pas des airs de Gainsbourg), une lumière très tamisée, une carte de cocktail guidée par les goûts et habitudes de l’artiste, et comme boisson d’accueil : une eau anisée, clin d’œil amusant…

Ici aussi, les codes décoratifs de la maison ont été suivis avec beaucoup de soin (jusque dans les toilettes où la porcelaine est identique à celle de la salle de bain de la maison…), murs noirs, moquette « Pavot », velours noir des fauteuils… 

Depuis l’ouverture j’essaye de venir ici le plus souvent possible, dès que j’en ai l’occasion, c’est un endroit que j’adore et qui est parfait pour des rendez-vous en tête à tête, comme pour des rendez-vous clients, ou même pour travailler entre deux rendez-vous.

On ressort par la boutique et son carrelage à cabochons crème et noir à l’instar du rez-de-chaussée de la maison, dernière signature délicate, dernière touche d’élégance et l’expression d’un respect profond et d’un souci de cohérence dont j’apprécie le jusqu’au boutisme.  Telle la fameuse énumération de la chanson « Ford Mustang », ici on peut repartir avec un livre, une biographie, un album vinyle, une paire de Richelieu Zizi Repetto blanches, une veste rayée YSL, un jean LC 10, une photo, un stylo, un briquet Zippo… 

Il est difficile de quitter l’endroit sans un petit bout de lui à emporter chez-soi, comme une relique ou comme le simple témoin d’un moment exceptionnel passé trop vite…

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Visite du Musée Auguste Rodin, entre sculptures et élégance architecturale